Carlo Zauli (1926-2002) compte parmi les figures les plus marquantes de l'art italien d'après-guerre. Sculpteur et céramiste, il a élevé la majolique bien au-delà de sa fonction décorative ou utilitaire, en la transformant en un véritable langage d'expression artistique profonde. Formé à Faenza, ville intimement liée à la céramique, Zauli s'est nourri à la fois du poids de la tradition et de l'élan d'innovation qui animait les années d'après-guerre. Ses premières œuvres en majolique, vases irréguliers aux asymétries audacieuses, aux formes puissantes et aux émaux éclatants - révélaient déjà un artiste réfractaire à toute contrainte conventionnelle. La reconnaissance ne tarda pas : ses victoires au Premio Faenza en 1953, 1958 et 1962 le consacrèrent chef de file du renouveau céramique italien et lui valurent une renommée internationale.
À partir du milieu des années 1950, Zauli opère un tournant décisif en abandonnant la majolique au profit du grès. Ce choix l'arrime au domaine de la sculpture plutôt qu'à celui de l'artisanat et le propulse au cœur des débats plastiques de son temps. Son œuvre oscille alors entre l'organique et le géométrique, entre la liberté biomorphique et la rigueur des formes pures. L'innovation technique demeure au centre de sa recherche : l'émail lumineux du « Bianco Zauli » en est l'exemple le plus éclatant. Ses commandes monumentales - du grand bas-relief pour le Palais de Bagdad (1958) à l'Imprimerie d'État du Koweït (1961), témoignent de sa capacité à conjuguer maîtrise matérielle et échelle architecturale. Proche de figures majeures comme Lucio Fontana, Nanni Valentini ou encore les frères Pomodoro, Zauli contribue à redéfinir les frontières entre sculpture, céramique et art contemporain.
Au fil des décennies, son œuvre est exposée à travers l'Europe, les États-Unis, le Japon et la Russie, avec de grandes expositions personnelles à Madrid, Düsseldorf, Osaka, Helsinki, Moscou et New York. Ses rétrospectives, organisées dans des institutions de prestige telles que le Museo Internazionale della Ceramica de Faenza, le National Museum of Modern Art de Tokyo et les Musées Royaux d'Art et d'Histoire de Bruxelles, ont définitivement scellé sa stature internationale. Après sa mort en 2002, le Musée Carlo Zauli fut fondé dans son ancien atelier de Faenza, afin de préserver et de prolonger son héritage. Aujourd'hui, ses œuvres sont présentes dans plus de quarante musées à travers le monde, témoignage éclatant d'un artiste qui a libéré la céramique de ses carcans traditionnels pour en forger un langage sculptural d'une puissance, d'une élégance et d'une influence durables.