Guido Gambone (1909–1969), né à Montella et formé à Vietri sul Mare, émerge d’un terreau où tradition populaire et avant-garde se rencontrent. Marqué par l’« école allemande » de Richard Dölker et Irene Kowaliska, il hérite d’un langage céramique renouvelé qu’il transforme en un art singulier, mêlant archaïsme méditerranéen, primitivisme et ironie moderne. Dès les années 1940, avec la fondation de son atelier La Faenzerella, puis son installation à Florence, Gambone choisit la voie d’une liberté radicale, refusant de réduire la céramique à l’utile pour l’élever au rang de sculpture et de pensée plastique.

 

Consacré par le Premio Faenza, qu’il remporte à cinq reprises entre 1947 et 1961, il s’impose rapidement comme une figure incontournable de l’après-guerre. Ses triomphes s’étendent des Triennales de Milan aux Biennales de Venise, de l’Exposition internationale de Paris (1937) à l’Expo Bruxelles (1958) et à l’Exposition internationale de Prague (1962). Admiré par Gio Ponti, célébré par le MoMA de New York, il impose un langage où se conjuguent force archaïque et modernité picturale, humour et rigueur, invention technique et audace formelle.

 

Son nom résonne bien au-delà de son époque. Ses œuvres, exposées de New York à Londres, de Munich à Montréal, témoignent de sa stature internationale et de son influence durable. De la rétrospective de Faenza en 1970 à l’hommage de la Fondation Magazzino Italian Art à New York en 2019, Gambone demeure une figure tutélaire : un artiste visionnaire qui fit de la céramique un langage universel, fusion de matière et d’esprit, inscrivant à jamais son œuvre dans le panthéon de l’art du XXe siècle. Comme l’écrit la critique Gilda Cefariello Grosso : « Le talent de Gambone est un talent pur et généreux, où la technique et l’inventivité se conjuguent naturellement. Dans son parcours, on voit se construire une technique très particulière, où la céramique et la sculpture ne connaissent plus de frontières. »